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Jean-Chrétien Ekambo, Paradigmes de communication, Kinshasa, Ifasic, 2004,135 P.

6 Mars 2013 , Rédigé par ngonosimon.over-blog.fr

Note de lecture proposée par Simon Ngono

 

Paradigmes de communication, le titre de l’ouvrage écrit par Jean-Chrétien Ekambo peut renvoyer sur le plan du contenu à une  sorte de recension des paradigmes qui traversent le domaine de la communication. On peut avoir cette idée là si on se limite à la simple lecture du titre de cet ouvrage. Mais en réalité, Paradigmes de communication de Jean-Chrétien Ekambo est consacré à une critique violente et même sans complaisance des paradigmes qui structurent les discours de communication. Pour l’auteur, il est question de critiquer les postulats, les conclusions, les discours tout en évaluant la validité ou l’invalidité des théories et méthodes énoncées dans la communication. Son ouvrage est donc une critique des paradigmes qui fondent la communication. Fondement des théories, fondement des méthodes, fondements des paradigmes sous un angle critique et interprétatif, tel est la mission que s’attribue Jean-Chrétien Ekambo. Cet ouvrage comprend principalement trois (03) chapitres suivis des figures, fonctions et équations mathématiques. Se référant à la structure du livre, le chapitre 1 est consacré à l’examen du « Paradigme de la linéarité », le chapitre 2 au « Paradigme de la circularité » et le dernier chapitre offre la part belle au « Paradigme de l’hypertextualité ». Préfacé par Bernard Miège, le livre intitulé Paradigmes de communication de Jean-Chrétien Ekambo vise à déconstruire l’idée selon laquelle la communication est complexe voire même hermétique. L’enseignement ici visé par l’auteur, c’est que la communication doit être élaborée selon des modèles simples.

 

Le chapitre 1 a pour titre : « Paradigme de la linéarité ». Dans celui-ci, l’auteur commence par rappeler le contexte d’émergence de ce paradigme. Selon Jean-Chrétien Ekambo, la naissance du paradigme de la linéarité se situe dans la période de l’entre-deux-guerres. Cette période, selon l’auteur, constitue le point de départ de nombreuses études scientifiques notamment celles relevant des sciences sociales et humaines. Il en veut pour preuve la sociologie, la communication, etc. Mais pour l’auteur, la naissance de toutes ces disciplines tient à l’écologie idéelle, fortement liée au processus de formation des idées. C’est ainsi qu’un certain nombre d’idées seront orientées vers la technologie. Cette dernière se rapporte aussi aux supports médiatiques. Parmi lesquels : « le journal qui devient ainsi un outil de reliance entre le sociétal et l’individu atomisé » (P. 38). Le journal est considéré comme un élément facilitant l’intégration humaine au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Toujours parmi les supports médiatiques, il distingue la télégraphie, la radiophonie, la radiotéléphonie, la télévision dont l’usage commencera à structurer les modes de vie des individus.

Parlant du paradigme linéaire, Jean-Chrétien Ekambo reconnait qu’en même que ce paradigme a fait la pluie et le beau temps dans les années 40. Il rappelle aussi son idée phare selon ses tenants Shannon et Weaver, à savoir que toute communication est linéaire, c’est-à-dire qu’elle part d’un point A et arrive à un point B. Autrement dit, toute communication repose sur la transmission de l’information d’un émetteur à un récepteur. Par la suite, il se rétracte : tout discours ne peut pas toujours être linéaire. Pour arriver à ce revirement, l’auteur explique s’être servi d’une esquisse géométrique axée sur près de cinq cas de figures (Pp 49-51). Pour Jean-Chrétien Ekambo, la linéarité ne peut s’appliquer à tous les cas de figures. D’où la caducité du discours de ce paradigme.

 

Dans le chapitre 2, Jean-Chrétien Ekambo jette ses projecteurs sur le « Paradigme de la circularité ». Il relève que ce paradigme est constitué de l’anthropologie et du courant systémique. Mais ce courant comme le dit l’auteur, apparait au milieu des années 40, et se base sur une écologie sociale. Métaphore dont l’auteur se sert pour parler de l’avènement d’une société ainsi que d’une pensée qui promeut l’égalité et la liberté. L’auteur rapporte que l’idéal dans une telle société c’est d’intégrer toutes les personnes dans la société au nom de l’écologie sociale (Pp 64-66). Cette intégration peut aussi se faire grâce aux outils technologiques. Il en veut pour preuve le satellite, capable de conquérir et d’instaurer une communication mondialisée. Le concept de circularité se rattache au paradigme technologique. Ce dernier, lui, comprend deux principes majeurs : celui lié à la tabularité (ici, les entrées et les connexions sont diversifiées) et celui lié à l’équivalence et l’équipuissance (ici, les individus ont la même valence et la même puissance) (P. 69). Passant à la critique des connaissances de ce paradigme, Jean-Chrétien Ekambo rejette la circularité des choses. De même qu’il fustige la perception holistique qu’on peut avoir de la société. Pour lui, la lecture de la société ne peut et ne doit se faire uniquement sous l’angle holiste, qui renvoie aussi à la figure d’un cercle. Car, estime t-il, « le cercle inclut mais exclut tout autant ». L’auteur dans sa diatribe, écrit encore que le cercle « enferme les éléments internes et repousse les externes » (P. 79). L’auteur illustre cela en recourant à une équation mathématique qu’il résous ainsi qu’à une esquisse géométrique (Pp 71-78). Parler donc de paradigme de la circularité et d’une pensée holiste constituent selon l’auteur, un non-sens scientifique. Les limites dudit paradigme étant qu’on ne peut pas tout encercler et que le cercle exclut toujours des éléments qu’il n’inclut pas.

 

Avec pour titre : « Le paradigme de l’hypertextualité », le troisième et dernier chapitre du livre Paradigmes de communication de Jean-Chrétien Ekambo  se penche sur le sens même de la communication. Un sens que l’auteur conçoit comme étant infini. Avant toutes choses, il commence par situer ce paradigme dans le temps. Ce paradigme se développe au cours des années 90 (P. 80). L’auteur note que ce paradigme repose sur deux éléments fondamentaux, à savoir le sens et le contexte, qui permettent de comprendre un acte de communication. En mettant dans le même panier les concepts d’hypertexte et celui d’Internet, l’auteur se fonde à dire que le paradigme d’hypertextualité est lié à la mondialisation. Le caractère infini du sens d’une communication trouve son explication dans les prouesses technologiques qui ont vu naitre l’ordinateur. Jean-Chrétien Ekambo inscrit ce paradigme dans ce qu’il nomme « écologie technologique », et souligne par là que celle-ci combine tout ce qui est du ressort de l’informatique et tout ce qui relève des télécommunications (Pp 90-91). L’infinitivité du sens s’explique aussi par les multiples connexions techniques ; les ordinateurs qui consacrent un certain nombre de contacts à caractère infini. Face à toutes ses évolutions qui renforcent son idée selon laquelle le sens d’une communication reste infini, s’accommode avec l’idée d’une « société de l’information », dans laquelle nous vivons depuis des décennies. Il observe également que dans le paradigme d’hypertextualité baigne une énorme confusion quant au sens du pole d’énonciation et de celui du pole de réception. Sa conclusion est claire : le sens d’une communication n’a pas de limite, du moment où les centres d’émission sont nombreux, les supports techniques divers et les centres de réception pluriels. C’est tout cela qui confère à la pensée d’aujourd’hui, un caractère d’infini. Ce d’autant plus que les langages et les signifiés sont pluriels (Pp 80-94). A travers une fonction mathématique, l’auteur entreprend de confirmer son hypothèse. Il se sert également de l’héritage scientifique des auteurs comme Joseph Fourier, Roland Barthes qui ont posé avant lui, les bases d’une approche infinie du sens de la communication.

 

Observations personnelles :

L’ouvrage de Jean-Chrétien Ekambo est un « donné à penser » sur l’épistémologie de la communication. A travers une approche heuristique, l’auteur essaie de se pencher sur les conditions et contexte d’émergence des théories et méthodes  au cœur de la communication. Se servant de la dialectique au sens de Hegel, Ekambo procède à une critique sans complaisance de quelques paradigmes de communication. A travers une incursion dans les mathématiques, il aboutit à des conclusions contraires à celles formulées il y a 50 voire 60 ans. Les conclusions de Jean-Chrétien Ekambo tendent à dire que certains paradigmes de communication sont devenus caduques voire inopérants. De telles conclusions démontrent véritablement que la science se fait en se faisant ; mieux qu’elle est sur une route sans fin. On peut donc comprendre avec Jean-Chrétien Ekambo que le discours scientifique n’est qu’un processus de construction et de déconstruction. On peut également appréhender avec lui, l’idée selon laquelle aucune théorie, aucune méthode, aucun paradigme aussi brillant et pertinent soit-il, n’est éternel. Nous retenons, enfin avec lui que l’épistémologie en tant qu’exercice critique et rigoureux de la connaissance au lieu de dévaloriser la science, permet plutôt sa re-construction.

 

Quelques critiques :

Le caractère pertinent de ce livre ne saurait empêcher de formuler quelques critiques à la fois sur la forme et la fond. Le titre « Paradigmes de communication » au pluriel donne à penser qu’il s’agirait d’une panoplie de paradigme qui constitue la communication. Que non ! L’auteur se propose de travailler sur trois paradigmes uniquement. Comme si la communication se limitait à ces trois paradigmes là, à savoir : le paradigme de la linéarité, le paradigme de la circularité et le paradigme de l’hypertextualité.  Par ailleurs, l’auteur semble se livrer à des conclusions hâtives, sans toutefois analyser tous les contours des paradigmes retenus dans son corpus de recherche. C’est notamment le cas du paradigme de la linéarité que l’auteur ne (re)situe pas clairement dans l’histoire. Or, comme le dit Eliséo Veron, pour comprendre un discours, il faudrait le replacer dans son « contexte d’engendrement », c’est-à-dire de production. Pour la linéarité, le discours autour, se fonde à dire que ce paradigme n’était pas destiné à proprement parlé aux études en communication mais plutôt à des renseignements militaires. Et ce n’était que dans ce milieu là qu’il pouvait recouvrer tout son sens et sa pertinence. Sur un autre aspect, il nous semble que le paradigme de l’hypertextualité n’a pas été suffisamment abordé. Le concept de paradigme, soigneusement repris chez Thomas Kuhn par Jean-Chrétien Ekambo divise les chercheurs en science. Ceci dans la mesure où les méthodes et principes auxquels les membres d’une communauté scientifique adhèrent, dépendent très souvent des écoles et des courants de pensées. Ce qui poserait, à notre avis, le problème du paradigme comme idéal-type. Mais alors, le paradigme peut-il donc remplir pleinement le rôle d’un idéal-type auquel tous les membres d’une communauté scientifique  adhéreraient ? Avoir à priori en idée que tous les paradigmes sont conjoncturels ne constitue t-il pas un biais pour la science elle-même et pour les chercheurs ? Le discours évaluatif et critique sur les paradigmes est-il toujours (re)pris et intégré par les héritiers de la science ?

 


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P
contemplate, for case, an Web-based news aggregator releasing news headlines within a searchable data format from some other online products and services - is that your free-ride? Some could possibly argue which the aggregator solely exists with the conte
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C
Kitchen cleanup can be a bit not the same as the sleeping rooms mainly due to the appliances along with other things which are uniquely found in the region. The house cleaning support worker should clean, scrub as well as sanitize the items in your kitchen to do a great job. In certain ways, lavatories and kitchen areas have comparable chores.
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L
Bonsoir a tous<br /> <br /> Je suis ici pour faire témoignage a un grand Mr grâce a qui ma vie a repris son sens . J'avais des problèmes de couple avec mon mari car je n'arrivais pas a faire d'enfants après 16 ans de vie commune avec mon homme et il m'a laissé et a demandé le divorce .Un soir sur le net j'ai vu les coordonnées de ce Mr que je vais vous présenté par la suite qui m'a rapidement faire revenir mon homme et avec ces médicament traditionnels j'ai maintenant 2 merveilleuses filles et un garçon avec mon homme .<br /> Cet homme grâce auquel ma vie a repris son sens s'appel Maître Gbedekpogbe Médium, Voyant, Marabout sérieux, il vous aide à résoudre tous les problèmes auxquels vous ne trouvez pas de solution.<br /> Remarquable spécialiste du retour de l’être aimé, il vous fait revenir définitivement l’élu de votre cœur <br /> Domaine de L'amour Sentimental : <br /> Le Retour Affectif - Le Retour D'Affection <br /> Amour Perdu , Récupérer son Ex - l’Être Aimé - l’Âme Sœur , Se faire Aimé d'une Personne , Attirer une Personne (Homme/Femme) par un Sortilège d'amour ou Sort , <br /> L'Envoûtement Amoureux/L'entente Sexuel sur une Personne , Blocages Sentiments Amoureux Perdu , Sauvez/Protéger Son Couple , Annulé une Rupture/Séparation , <br /> Éloignement Rivalité/Jalousie ; Fidélité.<br /> <br /> Je vous laisse son contact<br /> <br /> Email D'urgence : maitregbedekpogbe@live.fr<br /> <br /> Telephone 24H/24 : 0022 996 141 415<br /> <br /> WhatSapp : +22 996 141 415<br /> <br /> Viber : +22 996 141 415<br /> <br /> Imo : +22 996 141 415<br /> <br /> <br /> Site Web : https://maitre-marabout-medium-voyant-gbedekpogbe-58.webself.net/accueil<br /> <br /> <br /> Merci
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K
Votre commentaire,pourquoi jean ekambo fait le distingo entre la linéarité,la circularité et le hypertexuel ou cognition,le code et la relation.quel le point de vue de jean chretien ekambo sur ce sujet.
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